Le secteur du bâtiment est à la croisée des chemins. Face aux montagnes de déchets générés et à la nécessité de préserver les ressources, l’économie circulaire, et plus spécifiquement le réemploi des matériaux, s’impose comme un enjeu majeur. Si le recyclage des déchets inertes est relativement bien engagé, le réemploi – c’est-à-dire réutiliser un matériau pour un usage identique sans transformation majeure – reste encore marginal en France, représentant à peine 1% du gisement total. Pourtant, la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) fixe des objectifs ambitieux : atteindre 5% de matériaux réemployés d’ici 2028.
Dans ce contexte, observer ce qui se passe chez nos voisins immédiats peut être instructif. La ville de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, se distingue ainsi par une performance notable en matière de recyclage des déchets du BTP, affichant un taux bien supérieur à la moyenne régionale (51% contre 29% selon les données disponibles). Ce succès s’explique par une mobilisation des professionnels locaux et une organisation efficace du tri. Cependant, même sur ce territoire dynamique, le réemploi reste un défi, le potentiel de progression résidant dans un meilleur tri sur chantier et la création de filières dédiées pour éviter que des matériaux réutilisables ne finissent en simple remblai.

Les freins au développement du réemploi sont connus et probablement similaires en Saône-et-Loire et en Bresse : une filière encore peu structurée, le besoin d’espaces de stockage conséquents pour les matériaux récupérés, des questions techniques ou réglementaires sur la garantie des produits réemployés, et parfois une image encore dévalorisée associée au “bricolage”.

Pourtant, les lignes bougent, sous l’impulsion de la loi AGEC et d’initiatives innovantes. La loi impose désormais des diagnostics ressources avant démolition et intègre des clauses de réemploi dans les marchés publics. Parallèlement, la filière se professionnalise : des plateformes numériques voient le jour pour connecter l’offre et la demande de matériaux de seconde main, des bureaux d’études spécialisés accompagnent les projets, et la formation des artisans et architectes à ces nouvelles pratiques se développe.


L’exemple de Bourg-en-Bresse, avec ses réussites en recyclage et ses défis en réemploi, agit comme un miroir pour notre propre territoire. Quels sont les freins spécifiques au développement du réemploi en Saône-et-Loire et en Bresse ? Quelles initiatives locales existent déjà ou pourraient être encouragées ? Comment les collectivités, les entreprises du BTP, les artisans et les architectes locaux peuvent-ils collaborer pour structurer cette filière d’avenir ?

La transition vers une économie plus circulaire dans le bâtiment est un chantier complexe mais nécessaire. Observer les avancées et les difficultés de nos voisins directs peut nous aider à identifier les leviers pertinents pour accélérer ce mouvement sur notre propre territoire, au bénéfice de l’environnement et de l’économie locale.


Pour appuyer ce propos, l’antenne FFMC du Bas-Rhin met en avant le chiffre de cinq motards décédés sur les routes de ce département en 2024, soulignant les risques encourus. La fédération insiste sur le fait que des réparations ponctuelles ne peuvent suffire sans un engagement soutenu des gestionnaires de voirie pour un entretien durable.

L’initiative de Bourg-en-Bresse, si proche de nos territoires de Saône-et-Loire ou du Jura, agit comme un miroir. Les usagers des routes de Bourgogne-Franche-Comté, motards ou non, rencontrent-ils des difficultés similaires ? Les antennes régionales de la FFMC sont-elles actives sur ce front ? Au-delà de la seule communauté motarde, c’est la question plus large de l’état et de l’entretien du réseau secondaire, essentiel à la vie de nos territoires ruraux et périurbains, qui est posée par ces œufs de Pâques au goût amer de revendication.