À Louhans, capitale de la Bresse bourguignonne, un débat de longue date continue d’animer les conversations et les conseils municipaux : celui du nom même de la commune. Si vous vous promenez dans la cité aux arcades, vous lirez “Louhans-Châteaurenaud” sur les panneaux, les courriers officiels, ou le site internet de la mairie. Pourtant, plus de douze ans après les premières démarches initiées suite à la fusion des deux anciennes communes, ce double nom, symbole d’une identité partagée, n’est toujours pas officiellement reconnu par l’État. Un véritable casse-tête administratif qui prend des allures de saga bressane.
Une volonté locale Unanime face à la rigidité administrative
L’histoire de cette quête identitaire remonte à 2012, année de la fusion simple entre Louhans et Châteaurenaud. Dès cette période, puis de manière réitérée en 2014 et en 2020, le conseil municipal de Louhans a voté à l’unanimité pour l’adoption du nom “Louhans-Châteaurenaud”. Cette démarche, portée successivement par l’ancienne maire Monique Bonin et l’actuel maire Frédéric Bouchet, visait à reconnaître l’histoire et l’identité de chacune des entités fusionnées. Malgré les relances multiples, allant jusqu’à des interpellations directes du ministère de l’Intérieur, la réponse de l’État est restée négative à trois reprises.
La raison de ce blocage ? Une jurisprudence administrative stricte. Pour qu’un changement de nom de commune soit validé, il faut généralement qu’il réponde à des critères précis, comme éviter un risque d’homonymie avec une autre commune ou rétablir un nom historique avéré. Selon l’administration centrale, Louhans ne remplirait pas ces conditions. Une décision qui semble pour beaucoup déconnectée de la réalité du terrain, où “Louhans-Châteaurenaud” est déjà profondément ancré dans l’usage quotidien et perçu comme le reflet légitime de la nouvelle entité territoriale.
Un “serpent de mairie” et des procédures évolutives
Ce que les habitants et les élus qualifient parfois de “serpent de mairie” illustre aussi la complexité des rouages administratifs. La procédure initiale pour un changement de nom était notoirement lourde, impliquant notamment une commission consultative et un passage par le Conseil d’État. Il est d’ailleurs souligné que d’autres fusions plus récentes dans la région, comme celle de Verdun-sur-le-Doubs avec Ciel (devenue officiellement Verdun-sur-le-Doubs), ont bénéficié d’un processus allégé et ont abouti plus rapidement. Monique Bonin, ancienne maire, assure d’ailleurs que la demande pour Louhans-Châteaurenaud avait bien été formulée dès la fusion de 2012, contredisant potentiellement la version des services ministériels sur la chronologie des démarches.
Aujourd’hui, le maire Frédéric Bouchet, bien qu’admettant lors du dernier conseil municipal ne toujours pas avoir de réponse définitive, resterait optimiste et aurait reçu des assurances d’un réexamen du dossier. Mais en attendant une validation officielle, Louhans demeure, aux yeux de l’État, simplement “Louhans”. Cette situation d’entre-deux juridique et symbolique n’est pas sans conséquences. Elle touche à la mémoire collective, à la reconnaissance de l’identité de Châteaurenaud, et à la légitimité d’un territoire qui a évolué.
Le combat pour ce nom double n’est donc pas une simple coquetterie administrative. Il s’agit d’une quête pour que le nom officiel de la commune reflète pleinement son histoire et sa composition actuelle. Tant que l’État ne validera pas ce changement, la fusion de Louhans et Châteaurenaud conservera un goût d’inachevé pour beaucoup de ses habitants, et la cité des arcades continuera de porter un nom unique qui ne raconte qu’une partie de son récit. Une situation qui interroge sur la capacité des collectivités locales à faire entendre leur voix et à voir leur identité pleinement reconnue par l’administration centrale.
(Source : du site officiel de la mairie de Louhans-Châteaurenaud et de données publiques concernant les fusions de communes)