Le harcèlement scolaire, cette plaie béante qui ronge le quotidien de trop nombreux jeunes, continue de mobiliser. La douleur et le combat d’une mère, Séverine Vermard, dont le fils Lucas, 13 ans, s’est suicidé en 2023 après avoir été harcelé, trouvent un écho national et interpellent jusqu’au cœur de nos territoires, en Bourgogne Franche-Comté. Alors que des rencontres sur ce thème se tiennent à Reims ce 27 mai, l’urgence d’une action locale et concertée se fait plus pressante que jamais.

Un fléau aux chiffres alarmants, une réalité locale aussi

L’ampleur du harcèlement en France, révélée par une enquête en février 2024, est considérable : 5% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 4% des lycéens en seraient victimes. Ces pourcentages, traduits en nombre d’élèves, signifient que dans chaque classe, y compris dans les établissements de Saône-et-Loire ou de la Bresse, un ou plusieurs jeunes vivent potentiellement ce calvaire. Cette réalité statistique nationale ne doit pas masquer les drames individuels et les situations de souffrance qui existent, parfois silencieusement, près de chez nous.

Les initiatives comme les Rencontres rémoises du droit de la victime, portées par France Victimes 51, soulignent la nécessité d’un dialogue entre tous les acteurs : Éducation nationale, justice, professionnels de santé, parents et élus. Si Reims est le lieu de ce colloque, la problématique, elle, est universelle et appelle des réponses adaptées à chaque contexte territorial.

Le témoignage de Séverine Vermard : un combat qui doit inspirer localement

Séverine Vermard, par son livre “Lucas, symbole malgré lui” et son association “Lunah”, porte une parole forte. Elle décrit le long chemin de la reconstruction familiale et la nécessité d’une meilleure prise en charge. “Le harcèlement est mieux reconnu,” admet-elle, tout en pointant le manque de moyens et le temps qu’il a fallu pour cette prise de conscience, un temps “trop tard pour nous.” Son expérience met en lumière les failles d’un système qui, parfois, par culture du “pas de vague” ou par minimisation des faits, n’a pas su protéger son fils malgré ses alertes.

Ce témoignage, bien que lié à un drame survenu dans les Vosges, doit résonner fortement en Bourgogne Franche-Comté. Quelles sont les structures d’écoute et d’accompagnement spécifiques à notre région ? Les programmes de prévention, comme pHARe, sont-ils déployés avec la même intensité et les mêmes moyens dans tous les établissements de la Bresse ou du Chalonnais ? Les associations locales de soutien aux victimes ou de prévention disposent-elles des ressources nécessaires pour faire face aux demandes ?

Cyberharcèlement et responsabilité parentale : des enjeux pour toutes les familles

La dimension du cyberharcèlement, cette poursuite de la violence au-delà des murs de l’école, est un autre aspect crucial soulevé par Séverine Vermard. Elle insiste sur la co-responsabilité : “C’est aussi du côté des parents que ça se joue.” Son appel à une meilleure sécurisation des réseaux sociaux pour les mineurs concerne toutes les familles, y compris celles de notre région. Comment les parents en Bourgogne Franche-Comté sont-ils sensibilisés et outillés pour accompagner leurs enfants face à ces risques numériques ?

Vers une mobilisation accrue en Bourgogne Franche-Comté ?

Le drame de Lucas et le combat de sa mère ne sont malheureusement pas des cas isolés. Si l’actualité ne fait pas toujours état de situations aussi tragiques dans notre proximité immédiate, il serait illusoire de penser que la Bourgogne Franche-Comté est épargnée. La question se pose donc : comment, localement, pouvons-nous renforcer le maillage de la prévention, de la détection et de la prise en charge ? Les remontées du terrain par les enseignants, les infirmières scolaires, les CPE de nos collèges et lycées sont-elles suffisamment entendues et suivies d’effets ?

L’intervention de Séverine Vermard, même à distance, est un appel à ne jamais baisser la garde. Pour qu’aucun enfant, en Bresse, en Saône-et-Loire, ou ailleurs, n’ait à endurer seul la violence du harcèlement, une vigilance et une action collective, ancrées dans nos réalités locales, sont impératives. Il s’agit de construire, ici aussi, un environnement où chaque jeune se sente en sécurité et respecté.