Il suffit d’observer avec un peu de lucidité la France d’aujourd’hui pour y déceler les symptômes d’une étrange maladie de l’âme collective. Un mal qui repose sur un duo aussi vieux que le pouvoir lui-même, mais qui atteint des sommets de sophistication : la peur et la division. Peur de l’avenir, peur de l’autre, peur de perdre le peu que l’on a. Division entre les actifs et les chômeurs, les vaccinés et les non-vaccinés, les jeunes et les vieux, les urbains et les ruraux. Un brouillard permanent, entretenu avec soin, qui empêche de voir l’essentiel.

Le pouvoir, qu’il soit de gauche ou de droite, a bien compris comment jouer de ces affects. Il a perfectionné l’art de traiter les Français en enfants turbulents plutôt qu’en citoyens adultes. On l’a vu de manière caricaturale lors de la crise Covid : il fallait une autorisation signée pour sortir de chez soi, comme un mot des parents pour aller aux toilettes. On vous imposait un masque en tissu dont on avouait ensuite à demi-mot l’inutilité, tout en vous expliquant que vous étiez « libre » de refuser un vaccin, mais que cette « liberté » vous coûterait votre emploi. La contradiction absurde érigée en méthode de gouvernement.

Cette logique infantilisante se décline dans tous les domaines. Vous voulez manifester votre mécontentement ? Il faut demander l’autorisation, afin que l’on puisse mieux préparer les forces de l’ordre pour vous « taper sur la tête », en ciblant de préférence les plus fragiles. Vous souhaitez exprimer une opposition radicale au système sur les réseaux sociaux ? Votre compte sera supprimé, votre visibilité bridée. Vous n’êtes pas invité sur les plateaux de télévision, réservés à une opposition de façade qui ne remet jamais en cause les fondements du système. C’est un contrôle social doux mais implacable, qui vise à étouffer toute contestation réelle dans l’œuf.

Mais le plus terrible, le symptôme le plus avancé de la maladie, n’est peut-être pas l’action du pouvoir, mais bien la réaction d’une partie du peuple. Face à ce système, que voit-on ? Une apathie sidérante, une méfiance envers ceux qui tentent d’agir, et surtout, ce mécanisme psychologique désastreux : une majorité de la population, angoissée par sa propre précarité, préfère demander la réduction des droits de son voisin plus pauvre (baisse du RSA, des indemnités chômage) plutôt que de se battre pour l’augmentation de son propre salaire ou la baisse du coût de la vie. C’est le triomphe de la jalousie sur la solidarité, la victoire totale de la stratégie du « diviser pour mieux régner ».

Dès lors, comment s’étonner du paradoxe électoral qui se profile ? Les Français, exaspérés, voteront massivement pour un candidat du système un Philippe, un Attal en espérant secrètement que cela change le système. Ils voteront pour leurs propres geôliers, adoubés par les quelques milliardaires qui détiennent la presse et qui ont tout intérêt à ce que rien ne change fondamentalement.

Alors, la question se pose, vertigineuse et brutale : quelle est la solution, s’il en existe une ? Ou faut-il simplement accepter que nous assistons, impuissants, à la fin de la civilisation française telle que nous l’avons connue ? Une civilisation fondée sur l’esprit critique, la fierté et la solidarité, aujourd’hui remplacée par une société de la peur, de la division, et de la soumission à une technocratie européenne sans âme et sans peuple. La question reste ouverte. Et son silence est assourdissant.

 

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