La Riposte Idéologique, ce nouveau jeu de sociét

 

Il faut  saluer l’honnêteté de la nouvelle génération politique. Là où leurs aînés masquaient leurs attaques sous des circonvolutions prudentes, eux nomment les choses. On ne fait plus de la “communication politique”, on organise la “riposte idéologique”. Le terme est martial, l’intention est claire : il ne s’agit pas de débattre, mais de combattre.

Le dernier communiqué des Jeunes Socialistes de Saône-et-Loire en réponse à Julien Odoul est un chef-d’œuvre du genre. C’est un texte parfaitement calibré pour l’ère de Twitter, un concentré d’invectives et de procès d’intention qui a le mérite de la franchise. On y apprend que Monsieur Odoul ne fait rien pour la jeunesse, rien pour les territoires, rien pour les habitants, mais que, heureusement, il fait beaucoup “contre” : contre les jeunes, contre la culture, contre l’environnement, contre la République. La liste est longue, le portrait est apocalyptique.

 

Le spectacle est fascinant. D’un côté, un camp accuse l’autre de tous les maux. De l’autre, on répond par une contre-accusation miroir. C’est un jeu de ping-pong verbal où chaque joueur renvoie la balle avec le plus d’effet possible, en espérant que l’adversaire la manque. Le but n’est pas de marquer un point pour le bien commun, mais de voir l’autre échouer.

 

 

On se jette à la figure les “valeurs républicaines” comme on lancerait des pavés, en espérant que l’autre ne saura pas les rattraper. On s’accuse mutuellement de “piétiner la démocratie”, de “mentir aux Français”, de manquer de “décence républicaine”. Chaque camp se drape dans la toge de la vertu pour mieux dénoncer la nudité morale de l’adversaire.

Et le citoyen, au milieu de ce champ de bataille sémantique ? Il regarde, et comme le disent si bien les Jeunes Socialistes, “parfois, il rit”. Un rire jaune. Un rire de plus en plus inquiet. Car derrière cette agitation médiatique, derrière cette “riposte idéologique” si bien huilée, le fond politique semble s’être évaporé.

Que propose-t-on, concrètement ? Quels sont les projets, au-delà de la dénonciation de l’autre ? Le communiqué se termine par un soutien sans faille à son propre champion et à sa politique “de gauche, fière de la République, de la laïcité, de la solidarité, de l’écologie, et de l’humanisme”. Une liste de mots-totems, un inventaire de bonnes intentions, tout aussi abstrait que les accusations portées à l’adversaire.

C’est peut-être ça, la politique en 2025. Un échange de communiqués bien sentis, une guerre de “riposte idéologique” qui occupe l’espace médiatique et qui donne l’illusion du débat. Pendant ce temps, les problèmes, eux, n’attendent pas la fin du match pour s’aggraver.