Le loup “boiteux” n’aura pas survécu. Retrouvé mort le 16 février en Saône-et-Loire, ce quatrième loup décédé dans le département depuis 2020 cristallise les tensions entre défenseurs de la faune sauvage et monde agricole. Pour l’association FERUS, ce décès n’est pas un accident, mais le résultat d’une stratégie délibérée d’élimination du loup.
FERUS pointe du doigt la multiplication des arrêtés de tirs autorisés par la préfecture, y compris en l’absence de danger immédiat pour les troupeaux. Des tirs “de prélèvement” contraires au droit européen, selon l’association, qui exige une évaluation précise de l’état de conservation de l’espèce au niveau local avant toute dérogation. Or, la population nationale de loups stagne, voire décline légèrement.
L’argument de la protection des troupeaux ne convainc pas FERUS. L’association dénonce l’insuffisance des moyens de protection mis en œuvre par certains éleveurs : des clôtures électriques basiques et quelques rondes quotidiennes, alors que des solutions plus efficaces, comme les chiens de protection, existent et sont subventionnées. Pour FERUS, il s’agit d’un “subterfuge” pour justifier des tirs illégaux.
Le cas du loup “boiteux” est emblématique de cette situation. Blessé par un tir précédent, il était affaibli et se rabattait sur les animaux d’élevage, faute de pouvoir chasser des proies sauvages. Son handicap faisait de lui une cible facile. Un drame qui illustre, selon FERUS, l’absurdité d’une politique de tirs systématiques qui, loin de résoudre le problème, l’aggrave. En effet, une étude scientifique lettonne de 2023 démontre que la destruction des meutes provoque la dispersion de loups isolés, plus enclins à attaquer les troupeaux.
FERUS qualifie cette stratégie de “pompier-pyromane”, “ni légale, ni éthique”. L’association annonce de nouveaux recours en justice et appelle l’État français à adopter une politique plus responsable, fondée sur la prévention et la cohabitation, sous peine de sanctions de la part de la Cour de Justice de l’Union Européenne. L’avenir du loup en France, et en Saône-et-Loire en particulier, reste suspendu à ces décisions.