Il y a deux France. Celle qui souffre, qui doute, qui s’interroge. Et celle que l’on nous montre, lisse et unanime, sur les grands plateaux de télévision. Entre les deux, une armée de sentinelles veille au grain : les gardiens du temple médiatique, dont la prudence est devenue l’arme principale pour défendre l’ordre établi.

Leur première mission ? Le silence. Pendant que des dizaines d’officiers supérieurs français, des hommes qui connaissent le prix du sang, lancent un appel solennel pour la Paix en Ukraine, combien de “spécialistes” en plateau pour relayer leur voix ? Pendant que des figures comme les De Villiers, Asselineau ou Philippot alertent sur les dangers d’une escalade mortifère, combien de débats pour analyser leurs arguments ? Le silence. Ou pire, la caricature. Leur expertise, leur simple bon sens, dérangent la belle mécanique de la propagande belliciste.

Leur deuxième mission ? La diversion. On nous somme de trouver 40 milliards d’euros, de nous serrer la ceinture, d’accepter l’austérité comme une fatalité divine. Mais qui, parmi ces grands inquisiteurs du budget, mène l’enquête sur les autres milliards, ceux qui s’évaporent dans les sables mouvants des budgets européens ou des subventions hasardeuses ? Le regard est sélectif. L’indignation est à géométrie variable. On traque le sou du contribuable français, mais on ferme les yeux sur le gaspillage organisé à Bruxelles.

Leur troisième et plus belle mission ? L’affolement contrôlé. Écoutez-les s’étrangler de panique à l’idée que la politique fiscale d’un Trump puisse séduire nos entreprises. C’est un spectacle presque touchant de naïveté. Au lieu de voir dans cette menace la preuve éclatante de l’échec d’un mondialisme qui nous a désarmés, ils crient au loup, au danger extérieur. Le réflexe est pavlovien : ne jamais questionner le dogme, toujours accuser l’hérétique.

Cette complaisance systémique, ce refus d’affronter les questions qui fâchent, voilà la véritable maladie d’une partie de la presse. Pendant que les journalistes salariés, soucieux de leur carrière, caressent le pouvoir dans le sens du poil, une poignée d’indépendants continue de faire le travail : poser les questions interdites.

C’est cette voie-là que nous avons choisie. Celle qui ne cherche pas à plaire, mais à éclairer. Et si la lumière crue que nous projetons sert de miroir peu flatteur aux gardiens du temple, alors notre mission est accomplie.