Quiétude troublée en Bresse : la “grippe du sommeil” des carpes met les étangs en alerte
par Manuel MORENO-LOPEZ | jeu, Mai, 2025 | Blog |
Un silence inhabituel pèse sur certains étangs de Bresse, une quiétude trompeuse qui masque une menace insidieuse : la “grippe du sommeil” des carpes. Cette maladie virale, connue sous le nom scientifique de Carp Edema Virus (CEV), a récemment fait son apparition à Saint-Germain-du-Bois et Louhans, suscitant l’inquiétude des pêcheurs et des gestionnaires de milieux aquatiques. Face à cette épidémie silencieuse, l’AAPPMA Le Gardon de Saint-Usage a lancé un appel pressant à la vigilance et à la responsabilité collective, notamment pour les étangs Titard et Meunier.
Un ennemi invisible aux conséquences dévastatrices
Identifié en France depuis 2013, le CEV se propage avec une efficacité redoutable. Le contact direct entre poissons est le principal mode de transmission, mais le matériel de pêche épuisettes, tapis de réception, bourriches ou même les bottes peut devenir un vecteur insoupçonné si des mesures de précaution ne sont pas prises. Une fois contaminés, ces équipements transportent le virus d’un plan d’eau à l’autre, propageant l’infection. Les symptômes chez les carpes sont frappants et progressifs : une léthargie anormale, une perte d’appétit, l’apparition de mucus excessif, des œdèmes cutanés et un enfoncement caractéristique des yeux. Au stade le plus avancé, les poissons deviennent inertes, gisant sur le fond ou flottant en surface, réagissant à peine aux stimulations. Le bilan peut être lourd, avec des taux de mortalité pouvant atteindre 80 % d’une population en seulement quinze jours, bouleversant ainsi l’équilibre écologique fragile des étangs. Si la maladie n’est heureusement pas transmissible à l’homme, le péril qu’elle représente pour la faune piscicole justifie une mobilisation sans faille.

La désinfection du matériel : un geste barrière
Face à cette menace, la prévention et la biosécurité deviennent les maîtres-mots. Les fédérations de pêche et les autorités sanitaires insistent sur l’importance cruciale de la désinfection du matériel après chaque session. Les protocoles recommandés sont précis : une immersion du matériel dans une solution désinfectante (comme de l’eau de javel diluée ou un produit virucide commercial) pendant 10 à 15 minutes, un bain dans de l’eau chauffée à 60°C durant 5 minutes, ou encore un séchage complet et prolongé à une température supérieure à 25°C pendant au moins 48 heures. Ces gestes, simples en apparence, doivent devenir un réflexe systématique pour chaque pêcheur conscient de son rôle dans la préservation des écosystèmes aquatiques. À Saint-Germain-du-Bois, la situation à l’étang Titard a d’ailleurs conduit à des mesures drastiques, allant d’une interdiction temporaire de la pêche à une réouverture partielle où toute carpe capturée doit être impérativement et immédiatement remise à l’eau, et où l’utilisation de carpes comme vifs est formellement proscrite.
Cet épisode met en lumière la vulnérabilité de nos milieux naturels et la responsabilité partagée dans leur protection. La “grippe du sommeil” des carpes est un rappel que la vigilance et l’adoption de bonnes pratiques sont essentielles pour espérer endiguer la propagation de telles épizooties et préserver la richesse de la biodiversité de nos étangs bressans. L’appel à la mobilisation est donc lancé : nettoyer, désinfecter, sécher. Des actions individuelles pour un enjeu collectif.

(Source : Informations issues de communications d’AAPPMA locales, de fédérations de pêche et d’organismes sanitaires concernant le Carp Edema Virus)
