Une motion de censure a été déposée contre Ursula von der Leyen. L’extrême droite européenne, galvanisée par ses récents succès électoraux, a réussi à réunir les signatures nécessaires pour contester l’autorité de la présidente de la Commission. Le symbole est fort, même si l’issue est incertaine. Cet événement est surtout le symptôme d’une défiance croissante envers une machine bruxelloise jugée illégitime, opaque et démesurément coûteuse.

Le premier choc est celui des chiffres. Savez-vous combien de députés siègent au Parlement européen ? 720. Un nombre monumental, payé par nos impôts, pour un salaire moyen qui dépasse les 17 000 euros mensuels, sans compter les innombrables avantages et privilèges. Aux États-Unis, territoire plus vaste et plus peuplé, le nombre de représentants est bien inférieur. Cette armée de 720 eurodéputés s’ajoute à nos propres assemblées nationales, créant un millefeuille de représentation dont le coût est astronomique et l’efficacité, discutable.

Que font-ils ? La question mérite d’être posée. Certains signent des accords avec des lobbyistes, comme l’a prouvé le passé. D’autres, comme l’a rappelé l’affaire impliquant Rachida Dati et GDF Suez, flirtent avec le conflit d’intérêts. D’autres encore sont suspectés de corruption. Pendant ce temps, les citoyens financent à vie, via leurs impôts, les pensions de ces élus, qu’ils n’aient siégé que quelques mois ou plusieurs années. L’argent public ne disparaît pas, il finance un train de vie.La motion de censure actuelle, portée par l’eurodéputé roumain George-Pierre Păun, soutenu par George Simion, s’attaque à l’un des abcès de cette opacité : le “Pfizergate”. Elle vise le refus obstiné de la Commission de divulguer le contenu des SMS échangés entre Ursula von der Leyen et le PDG du géant pharmaceutique. La justification de la présidente”les SMS se sont effacés tout seuls” relève d’une mauvaise plaisanterie. C’est se moquer ouvertement des citoyens que de prétendre qu’un téléphone efface de lui-même les preuves d’une négociation à plusieurs milliards d’euros.

Cet événement met aussi en lumière les fractures paradoxales de ses initiateurs. L’extrême droite, si prompte à dénoncer le système, se divise dès qu’il s’agit d’agir. Les Italiens, craignant de perdre leur commissaire, traînent des pieds. Au sein même du Rassemblement National, seuls deux élus ont cosigné le texte. L’union affichée se fissure face à la défense des intérêts particuliers.

Quelles sont les chances de succès ? Faibles. Pour faire tomber la présidente, une majorité des deux tiers est requise. Dans toute son histoire, aucune des huit motions de censure déposées contre la Commission n’a abouti. En 1999, l’exécutif de Jacques Santer avait préféré démissionner collectivement avant même le vote. Il est peu probable qu’Ursula von der Leyen suive cet exemple. Les corrompus, ou ceux qui en ont l’apparence, ne lâchent jamais leur poste, à moins d’y être contraints.Cette motion est donc probablement un coup d’épée dans l’eau. Mais elle aura eu le mérite de rappeler une vérité essentielle : nous sommes gouvernés par une présidente que personne n’a élue, à la tête d’une administration tentaculaire et coûteuse, qui refuse de rendre des comptes sur ses actions les plus opaques.