Un vote surprise à l’Assemblée Nationale ce mercredi 28 mai 2025 pourrait bien changer la donne pour de nombreux automobilistes, y compris en Bourgogne Franche-Comté. Les députés ont en effet adopté, par 98 voix contre 51, un amendement visant à supprimer les Zones à Faibles Émissions (ZFE), ces périmètres urbains où la circulation des véhicules considérés comme les plus polluants était restreinte. Cette décision, si elle est confirmée lors du vote final du projet de loi de simplification de la vie économique dans lequel elle s’inscrit, mettrait un terme à un dispositif souvent critiqué.

Un dispositif jugé technocratique et d’exclusion

Instaurées en 2019 et renforcées par la loi Climat et Résilience, les ZFE avaient pour objectif affiché d’améliorer la qualité de l’air dans les grandes agglomérations françaises, où la pollution atmosphérique est un enjeu de santé publique majeur Santé publique France lui attribuant près de 40 000 décès prématurés chaque année. Cependant, leur mise en application a rapidement suscité une levée de boucliers, bien au-delà des clivages politiques habituels.

De nombreux élus et citoyens ont dénoncé un outil “technocratique”, accusé d’être socialement injuste et d’exclure de fait les classes moyennes, les ménages populaires et les habitants des zones rurales. Ces derniers, souvent plus dépendants de véhicules anciens et n’ayant pas toujours les moyens de les renouveler, se voyaient potentiellement interdits d’accès aux centres-villes concernés. L’amendement portant la suppression des ZFE a été initié conjointement par des députés Les Républicains et du Rassemblement National, trouvant un écho favorable auprès d’autres groupes.

Réactions contrastées et annulation de la mobilisation à Louhans

Dans l’hémicycle, ce vote a provoqué des réactions diamétralement opposées. Les partisans de la suppression y voient une victoire pour la “liberté” et la fin d’une mesure pénalisante pour une large partie de la population. À l’inverse, le gouvernement, par la voix de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, et les élus écologistes ont déploré un “recul majeur” pour la santé publique et la lutte contre la pollution, regrettant que les collectivités soient privées de cet outil, même sur une base volontaire.

Conséquence directe et locale de ce vote national : le rassemblement qui était prévu ce dimanche à Louhans pour protester contre les ZFE a été annulé. Cette annulation témoigne de l’impact direct des décisions parlementaires sur les mobilisations citoyennes et les préoccupations locales.

Si la suppression définitive des ZFE n’est pas encore actée elle dépend du vote final de l’ensemble du projet de loi de simplification le signal politique envoyé par l’Assemblée Nationale est fort. Il met en lumière la tension persistante entre les impératifs écologiques et l’acceptabilité sociale des mesures prises pour y répondre. Le débat sur la manière de concilier protection de l’environnement et justice sociale reste plus que jamais ouvert.