Chers lecteurs,

Aujourd’hui, je souhaitais partager avec vous une réflexion un peu plus personnelle, un écho du travail qui m’occupe en parallèle de nos explorations journalistiques et narratives de la Bresse et de la Saône-et-Loire. Vous le savez, KATARI est né d’une passion pour le récit, pour la mise en lumière des histoires qui façonnent nos territoires et nos vies. Mais cette passion prend parfois des chemins plus intimes, celui de l’écriture d’un roman, une œuvre au long cours qui puise sa source dans les méandres de la mémoire.

Ce roman, encore en gestation, s’aventure sur les sentiers d’une vie, la mienne en l’occurrence, mais romancée, réinterprétée par le prisme du temps et de l’imaginaire. Vous vous demandez peut-être comment naît un tel projet, comment les souvenirs épars se transforment en une trame narrative. C’est un processus mystérieux, parfois déroutant, mais toujours passionnant. Récemment, en organisant mes notes et mes premiers chapitres un travail que j’effectue d’ailleurs avec l’aide d’outils comme NotebookLM pour tenter de structurer ce foisonnement, des souvenirs d’enfance particulièrement marquants sont remontés à la surface. Des événements qui, avec le recul, semblent avoir été des germes, des “petites fractures” du réel qui ont peut-être ouvert la voie à l’imaginaire. Je pense notamment à un accident survenu vers l’âge de six ans, près de l’église de la Bedugue à Dole, un choc physique qui, au-delà de ses conséquences immédiates, a peut-être subtilement infléchi la manière dont un enfant perçoit le monde.

Puis, il y a eu le déménagement dans un lieu chargé d’histoire et de mystère, ce que nous appelions le “Château de Valcombe”, davantage un manoir aux pièces parfois vides et aux recoins inexplorés. Pour l’enfant que j’étais alors, ce fut un terrain de jeu infini pour l’imagination. C’est là, dans la solitude de ces murs anciens, que le “rêveur”, l’inventeur d’histoires, a véritablement pris son envol. Nourri par des lectures comme celles des aventures de Docteur Justice, j’ai commencé à peupler ces lieux de mes propres récits, à imaginer des passages secrets, des trésors cachés. Et, de manière significative, j’ai commencé à partager ces histoires, même les plus farfelues, avec mes camarades. Le conteur naissait, sans que je le sache encore.

Aujourd’hui, en écrivant ce roman, je revisite ces moments, je cherche à comprendre comment ces expériences ont façonné le narrateur que je suis devenu, celui qui, bien plus tard, a choisi le nom de “Katari”, le conteur d’histoires japonais, comme signature pour ses explorations radiophoniques et ses écrits. Il y a une continuité, un fil rouge qui relie l’enfant du Château de Valcombe à l’adulte qui cherche aujourd’hui à donner du sens aux récits de notre temps.

La chronologie se met en place, les personnages prennent corps, des figures réelles de mon passé, comme cet architecte à la retraite passionné par Fulcanelli qui m’initia à une lecture symbolique de Dole, ou cet ami plus âgé qui m’apprit la prudence critique, mais aussi des figures historiques ou légendaires qui ont marqué ma ville natale. Le défi est de tisser tous ces fils, de donner une cohérence narrative à cette matière vivante et parfois insaisissable qu’est le souvenir. Le chemin est encore long, l’écriture d’un roman est une aventure au long cours, faite d’avancées et de moments de doute. Mais chaque page écrite est une petite victoire, chaque souvenir exhumé est une pièce ajoutée au puzzle. Je voulais simplement partager avec vous ce “chantier” intérieur, car il nourrit, d’une certaine manière, l’esprit même de KATARI : cette quête de sens, ce besoin de raconter, et cette conviction que chaque histoire, qu’elle soit grande ou petite, personnelle ou collective, mérite d’être entendue.